Ce gâteau existe bien, mais seuls les riches le dévorent. (VIDEO)
Monsieur le porte-parole du Gouvernement, « Si l’on veut partager le gâteau », a rappelé hier le Président de la République à un Congrès avide de l’entendre (Rires sur plusieurs travées du groupe Les Républicains), la première condition est qu’il y ait un gâteau. »
M. Roger Karoutchi. Eh oui !
M. Pierre-Yves Collombat. Si j’en crois le dernier numéro de Challenges, ce gâteau existe. Il augmente même, puisque, ces dix dernières années, la fortune des cinq cents Français les plus riches – 650 milliards d’euros – a doublé, celle des dix plus riches quadruplant !
Monsieur le porte-parole du Gouvernement, à quand un nouveau plan « pauvreté » pour ces malheureux ? (Sourires et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste. – Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains sourient également. – M. Jean-Pierre Sueur applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement.
Mme Éliane Assassi. Le gâteau !
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Pierre-Yves Collombat, la question du partage des richesses n’est pas infondée dans notre pays.
M. Roger Karoutchi. Oui !
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Nous en avons deux conceptions très différentes. (Mme Cécile Cukierman s’exclame.) Vous considérez que le gâteau, une fois produit, doit être entièrement mangé, pour que les meilleurs boulangers et pâtissiers du pays aillent ensuite produire des gâteaux à l’extérieur de nos frontières nationales (Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et du groupe socialiste et républicain et sur quelques travées du groupe Les Républicains.)…
Mme Cécile Cukierman. Ce n’est pas la question !
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. … et que nous nous retrouvions affamés. Notre conception, c’est au contraire de faire en sorte que les boulangers, pâtissiers et apprentis de ce pays aient envie d’entreprendre, de cuisiner, de se dépasser (Mme Cécile Cukierman s’exclame) et puissent produire plus de gâteaux dans notre pays, afin que nous puissions les redistribuer. (Applaudissements sur quelques travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires.)
M. Emmanuel Capus. Très bien !
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Ce travail-là a été engagé par la majorité, par exemple dans le cadre de la suppression des cotisations sur le travail, pour faire en sorte que le travail des boulangers et pâtissiers de ce pays paye mieux.
M. David Assouline. Vous gardez le beurre pour Paris ?
M. Fabien Gay. Et la brioche à Versailles !
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Vous m’interrogez sur le plan Pauvreté : je n’ai aucun doute que, par souci vis-à-vis de ceux qui travaillent dans ce pays, vous soutiendrez la proposition du Gouvernement qui sera étudiée dans le cadre du projet de loi PACTE de supprimer le forfait social pour les entreprises de moins de 250 salariés pour leur permettre de bénéficier du partage de la richesse. (Mme Cécile Cukierman et M. Fabien Gay s’exclament.)
Là, vous seriez en pleine cohérence avec ce que vous dénoncez habilement. (Mme Cécile Cukierman s’exclame de nouveau.) D’ailleurs, vous avez gardé une minute vingt de temps de parole pour pouvoir réagir à la réponse que je vous donne.
M. Roger Karoutchi. Ah !
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Je ne doute pas, monsieur le sénateur, que vous ferez une bonne recette des éléments que je vous ai livrés à l’instant.
Mme Cécile Cukierman. Votre gâteau est indigeste !
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Trêve de plaisanterie, monsieur le sénateur : la richesse dans ce pays a été inégalement répartie depuis un demi-siècle. Nous travaillons à sa meilleure répartition. Nous y avons consacré un projet de loi qui sera débattu ici même. Il mérite que, loin des caricatures, nous le traitions avec intérêt et avec acuité afin que le maximum des salariés de ce pays puissent bénéficier du fruit de la croissance. (MM. François Patriat, Claude Haut et Jean-Marc Gabouty applaudissent.)
M. François Patriat. Très bien !
M. Ladislas Poniatowski. Non ! Ce n’est pas vrai !
M. Roger Karoutchi. C’est Top Chef ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Marc-Philippe Daubresse. On vous a parlé du gratin ?
M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour la réplique.
M. Pierre-Yves Collombat. Monsieur le porte-parole du Gouvernement, votre rhétorique ne change rien à l’affaire : la politique que vous menez n’est que la poursuite de celle qui est menée depuis vingt ans dans ce pays. Sa seule modernité, c’est son dogmatisme.
Ses conséquences sociales et politiques sont inscrites dans les résultats électoraux, scrutin après scrutin. Les consultations sont devenues de véritables « émeutes électorales ». Si vous avez des doutes sur leur signification et sur leur issue, je vous invite à regarder ce qui se passe partout en Europe. Les institutions de la Ve République, les mesures à la marge comme celles que vous nous préparez, comme toutes les autres, ne feront que reculer l’heure de vérité. Elles ne la feront pas disparaître. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Belle spontanéité !
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