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Laurent Brun? Secrétaire du syndicat des cheminots.

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Quelques éléments d’information sur les Facilités de Circulation (billets gratuits) des agents de la SNCF.
1) D’abord ces droits ont été accordés par les compagnies privées avant la nationalisation. Il s’agissait, comme pour d’autres avantages, de fidéliser un personnel qualifié et rare. Par la suite, un règlement de 1937 vient harmoniser les droits au moment de l’unification des réseaux et de la nationalisation. Enfin, l’Etat pérennise les droits par décret, quelques années après la guerre, en reconnaissance du rôle des cheminots dans la libération et dans la reconstruction du pays.
 
En revanche, c’est bien la SNCF qui en paye le coût, il ne s’agit pas d’une subvention publique.
2) Depuis quelques années, l’Etat fait une obsession sur ce sujet : au moins 2 rapports de la Cours des Comptes en 10 ans, des rapports de l’URSSAF, des réunions ministérielles en pagaille et dernièrement un rapport de l’IGAS. C’est à croire que la seule problématique des transports en France, c’est comment empêcher mamie de bénéficier d’un billet gratuit tous les 10 ans !
 
3) De quoi s’agit il ? Les collègues des agences famille me corrigeront si je me trompe, je ne suis pas un spécialiste. Les agents SNCF bénéficient d’une carte qui leur donne l’accès gratuit aux TER et TET, ils payent la réservation des TGV mais disposent de 8 permis par an pour avoir les réservations gratuites. Le train est donc quasi gratuit pour les cheminots. Les enfants, conjoints, parents, beaux-parents, et grands parents bénéficient de quelques voyages par an (16, 8 ou 4). Ça fait effectivement beaucoup de monde mais en réalité, ces droits sont peu utilisés.
 
4) Le rapport de l’IGAS parle d’un coût moyen par agent de 404€ par an, ce qui représente 33,66€ par mois par agent, soit même pas l’équivalent d’un aller-retour Lyon-Valence en TER ! On voit bien que la famille ne voyage pas souvent !
 
5) Mais en plus, cette somme de 404€ par an n’est pas un « coût », c’est une évaluation du « manque à gagner » si les billets avaient été vendus plein tarif. Or un billet restitué par un cheminot dans un train qui n’est pas plein, ça ne rapporte rien à l’entreprise. Et quand le train est plein, le cheminot doit céder sa place, c’est dans la réglementation. Le coût réel des FC (distribution des billets, gestion du système) était évalué par la Direction en 2013 à moins de 10 millions d’euros (soit 66€ par an et par agent) et était intégralement couvert par les réservations acquittées par les cheminots et leurs ayant droit.
Donc l’entreprise a plutôt intérêt à accorder ce genre de droits qui ne lui coûte rien.
Et le Gouvernement nous saoule pour 404€ théorique par agent et 0€ réels…
6) Alors pourquoi un tel foin ?
 
L’enjeu est politique.
 
C’est une nouvelle manière de s’attaquer aux cheminots, ce qui est manifestement populaire dans l’électorat de droite que vise Emmanuel Macron. Le Ministre Djebbari dit vouloir réduire l’avantage. Va-t-il supprimer les billets de mamie pour une économie de 10€ par an sur le montant moyen ? On voit bien qu’il ne s’agit pas d’un enjeu économique…
 
Même du point de vue fiscal c’est ridicule. L’Etat veut considérer ces avantages comme du salaire indirect et collecter des cotisations dessus (un temps, il était même question que cette somme soit à déclarer pour le calcul de l’impôt sur les revenus). La Direction SNCF avait déjà accepté de verser une somme forfaitaire aux URSSAF il y a quelques années. Mais l’Etat veut un contrôle à l’euro près. On parle de montants dérisoires pour la protection sociale et encore plus dérisoires pour l’impôt sur les revenus. La encore, il ne s’agit pas d’enjeux économiques. Il est plus facile de s’attaquer aux FC des cheminots qu’aux stock options et à la fraude sociale des patrons. Et ça fait vendre plus de papier dans les journaux car ça alimente le dénigrement des cheminots.
 
7) Problème : les FC ne sont pas qu’un avantage social…
 
Le Gouvernement accorde ce droit à la Police pour avoir des policiers à bord des trains en cas de problème de sécurité (on pourrait s’interroger sur le fait qu’un policier seul va plutôt se mettre en danger qu’autre chose car les équipages d’un agent c’est aussi une forme d’attaque des procédures métiers de la police !). Je ne rentre pas dans le détail sur ce sujet, ce n’est pas le but du post, mais je précise quand même que la présence policière ne doit pas pejorer les effectifs des contrôleurs ou des agents de la police ferroviaire…
 
Et bien c’est aussi pour cela que les cheminots ont ce droit. En cas d’incident, chaque agent à bord doit se mettre à disposition du contrôleur pour l’aider à gérer l’incident. Cela peut être une distribution de bouteillles d’eau en cas de canicule, une reconnaissance de la rame après un choc anormal (le conducteur arrête le train et il faut aller voir ce qu’on a taper pour savoir si on peut repartir… c’est le rôle du contrôleur mais il peut se faire aider d’un autre cheminot ayant les habilitations pour aller plus vite ou pour gérer les usagers qui restent à bord ou autre), une protection du train en cas d’accident (on va sur la voie à la rencontre d’un train croiseur potentiel, avec une torche pour l’arrêter avant qu’il ne percute le train arrêté), ou même l’aide pour un transbordement des passagers en cas d’immobilisation durable du train. Ce sont des exemples mais il y a probablement d’autres cas…
 
Avoir des cheminots à bord, c’est au moins aussi utile qu’avoir des policiers ! Et c’est aussi pour cela que nous demandons l’extension de ces droits à tous les cheminots du public ou du privé.
On pourrait d’ailleurs se poser la question pour d’autres professions comme les personnels médicaux, utiles en cas de malaise. Les cheminots ne sont pas du tout contre l’attribution de droits a d’autres salariés. En revanche, nous n’accepterons pas qu’on nous vole les nôtres !
 
7) Les cheminots défendront leurs droits !
 
Même si financièrement elles sont symboliques, les cheminots tiennent aux FC. C’est un élément commun à tous les métiers et donc un facteur de cohésion de la famille cheminote. Et c’est une forme de retour des fruits de leur travail. Elles font partie du contrat social, avec la protection sociale et le reste, qui fait que les cheminots acceptent des salaires souvent moindre que dans le privé pour des métiers à forte technicité et à forte responsabilité. Plus ces avantages sont rognés, plus les collègues se tournent vers d’autres entreprises. Depuis les réformes des retraites, les démissions explosent. La Direction affiche également régulièrement sa difficulté à recruter. Le maintien des compétences est grandement péjoré, ce qui finira pas affaiblir durablement l’outils technique ferroviaire. C’est probablement pour ça que la Direction SNCF est prudente sur le sujet et ne demandait pas une réforme des FC…
 
Pour toutes ces raisons, la seule réponse au Gouvernement c’est : ALLEZ VOUS FAIRE CUIRE LE CUL !!!
 


08/09/2021
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