Le sénateur communiste du Nord Eric Bocquet favorable à l'effacement de la dette publique
Eric Bocquet, sénateur communiste du Nord, plaide pour l'annulation d'une partie de la dette publique. Il était l'invité de France Bleu Nord ce mardi 2 février.
Vous souhaitez l'annulation de la dette dûe à la BCE, la Banque centrale européenne. Est-ce que c'est faisable ?
Eric Bocquet : Oui, c'est faisable. La BCE détient aujourd'hui environ 25% de notre dette, ce qui fait 650 milliards d'euros. Ce n'est pas une banque commerciale, elle n'a pas d'actionnaires. Elle a donc la possibilité de décider de tirer un trait sur la dette, sans pénaliser aucun créancier. C'est un choix politique à faire.
Pourquoi ne pas le faire ?
Ceux que ça n'arrangeraient pas, ce sont les marchés financiers. Pourtant, il y a eu des précédents dans l'histoire. Je pense à l'Allemagne, par exemple, qui en février 1953 avait bénéficié d'une réduction de sa dette de 60%, ce qui lui a permis de redevenir en 20-30 ans la première puissance économique européenne. Là, nous sommes dans une situation exceptionnelle, historique, inédite.
Quelles conséquences aura cette dette sur notre vie et celle de nos enfants ?
Ce n'est pas compliqué à deviner. Il y a un an, le gouvernement avait dit "quoi qu'il en coûte, nous soutiendrons l'économie" et là, on nous prépare à l'idée que c'est nous tous qui allons payer. En décembre, une commission présidée par M. Jean Arthuis a été mise en place, chargée de faire une feuille de route pour savoir comment on va payer cette dette mais je peux vous dire d'ores et déjà les conclusions. Réduire les services publics, peut-être des privatisations, engager des réformes structurelles, les retraites, l'assurance chômage. "On vit au-dessus de nos moyens", voilà le discours qu'on va entendre.
Quelles sont les autres solutions pour rembourser la dette ?
La solution, c'est aussi la croissance. Si on impose l'austérité aux gens, avec la modération salariale, on va contrecarrer l'espoir d'un redémarrage de l'économie. La dette, ce doit être un levier pour engager les grands besoins du moment : la transition écologique, la couverture numérique, combattre la pauvreté qui explose en ce moment. S'endetter pour mener ces politiques là, c'est vertueux et ça relancera la machine économique.
Est-ce que vous êtes entendu aujourd'hui ?
Le parti communiste n'est pas le seul à porter ce message, d'autres partis le font. J'ai entendu Esther Duflot, prix Nobel d'économie, Alain Minc qui n'est pas un fou furieux de la révolution bolchévique qui commencent à porter ce discours. On peut dans cette situation particulière prendre des choix politiques forts, inédits. Je crois que la situation l'exige.
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