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Leçon aux syndicats et exonération de la direction

                                                                                                                    

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 Air France. Jean-Marc Janaillac, PDG démissionnaire, fait une dernière leçon aux syndicats, réécrit les résultats du référendum qu’il a lui-même convoqué.

                        

Dernier coup de main du PDG démissionnaire Jean-Marc Janaillac à la direction d’Air France : se répandre dans de très nombreux médias pour tirer à boulet rouge sur les syndicats et appeler au retrait de l’État. Partout, il explique que la demande d’augmentation de salaire est « irréaliste et en dehors des moyens d’Air France », que les syndicats ont « plus de préoccupations liées à leur boutique et leur territoire plutôt qu’à l’intérêt général » . De quoi justifier que la nouvelle présidente par intérim - Anne-Marie Couderc - n’ait pas de mandat pour négocier des augmentations salariales. Ce faisant, la direction s’assoit purement et simplement sur les résultats du référendum qu’elle a elle-même organisée. Si ce n’est que… Jean-Marc Janaillac en fait une lecture tout singulière. Pour lui, le non à 55,45 % à la question « Oui ou non, êtes-vous favorable à l’accord salarial proposé par la direction ? » - 2 % tout de suite, 5 % échelonnés et soumis à des résultats - n’est pas un refus mais l’expression d’un « mécontentement » plus général. « Clairement, les gens n’ont pas répondu à la question » ose-t-il ainsi dans La Tribune. Une manière de faire qui ne va pas sans rappeler le sort réservé en 2005 au référendum sur la constitution européenne. Le plaidoyer en faveur d’un retrait de l’État - actionnaire à hauteur de 14,5 % et disposant de 23 % des droits de vote - est également lié aux demandes des salariés. « La participation de l’État donne un sentiment d’invulnérabilité et d’éternité à un certain nombre de salariés » explique Jean-Marc Janaillac qui trouve cela « dommageable ». Côté gouvernement, la position officielle est qu’un désengagement n’est pas à l’ordre du jour comme l’a dit la ministre Elisabeth Borne dès lundi. Cependant, mardi, devant l’association des journalistes financiers, un « représentant de l’Elysée » a précisé que cela « ne veut pas dire que la participation de l’Etat au niveau actuel est éternelle ». Quand on sait que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire est favorable aux privatisations dans lesquelles il veut trouver les ressources pour investir dans des « technologies de rupture » comme « l’intelligence artificielle » où la France est « en retard », le sujet est à surveiller de près. Jean-Marc Janaillac explique enfin qu’Air France est « l’une des compagnies les moins rentables d’Europe » et qu’elle va avoir du mal à relever le défi du low-cost long courrier ou celui posé par le « self-connecting » : les nouveaux modes de correspondance proposés par les compagnies low-cost. Des arguments censés prouver que l’entreprise ne peut pas répondre aux demandes salariales mais qui passe un peu vite sur les ratés des directions successives. Car la situation d’Air France est évidemment liée aux mauvais choix stratégiques de personnalités issues de la sphère publique et toujours liées à la sphère politique : Christian Blanc, le rocardien devenu sarkoziste ayant débuté comme préfet, Jean-Cyril Spinetta, ancien haut-fonctionnaire proche des socialistes ayant procédé à la privatisation partielle d’Air France (et auteur du récent rapport sur la SNCF), Pierre-Henri Gourjeon entré au cabinet de Pierre Mauroy… Pierre-Henri Gourjeon inaugure une ère où les PDG d’Air France se succèdent à un rythme frénétique, ne restant guère plus de deux ans en poste : Alexandre de Juniac, Frédéric Gagey puis Jean-Marc Janaillac. Les uns imaginent la création d’une filiale low-cost à Londres, d’autres de prendre une part au capital d’EasyJet, mais personne ne va jusqu’au bout. Des derniers concoctent les bases provinces comme on en a connu à Marseille pour concurrencer les low-cost sur les moyens courriers, ouvertes en 2012, fermées dès 2015. A Air France, les plans stratégiques se succèdent frénétiquement. Seule constance : baisser les effectifs et faire monter la pression sur les salariés pour améliorer la productivité. Pas étonnant que les syndicats demandent justement un PDG qui soit un professionnel de l’aviation et puisse dessiner une stratégie susceptible de positionner l’entreprise qui jouit encore de nombreux atouts dans un secteur en plein expansion. Avec la nouvelle présidente, certes pour intérim, leur vœu n’est toujours pas exhaussé.

 

Angélique Schaller



19/05/2018
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