Suite à leur tribune publiée dans Le Monde jeudi 23 novembre, les professionnels de la justice ont été reçus par le ministre Eric Dupond-Moretti pendant trois heures, tandis que certains juges boycottaient « l’opération de communication ».
Place Vendôme, une trentaine de magistrats, greffiers, juges étaient reçus par le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti pour élaborer une sortie de crise. Cette rencontre fait suite à la tribune publiée jeudi 23 novembre dans le journal Le Monde et dans laquelle 3000 fonctionnaires de justice y dénoncent la dégradation de leur condition de travail. Depuis, 2500 signatures supplémentaires sont venues se joindre à la mobilisation. Leur nombre (plus de la moitié de la profession) illustre l’ampleur de leur mal-être grandissant et les difficultés auxquelles ils font face sur le terrain. Ces problématiques ont fait l’objet de débats et d’échanges durant « un peu plus de trois heures », a déclaré le ministre de la justice.
À leur sortie du ministère, le collectif des premiers signataires s’est « félicité d’une libération de la parole » dans leur profession. Sans pour autant « vouloir représenter » les 5500 signataires, les membres du collectif ont annoncé « avoir réitéré (auprès du ministre) les constats de terrain » qui figurent dans la tribune. Ils espèrent également que « l’alerte qu’(ils) ont lancé sera entendue » avec à la clé « des changements notables dans nos tribunaux ».
Dans une brève déclaration, le Garde des sceaux, a, quant à lui, évoqué « les témoignages émouvants, très forts, sur les conditions et la charge de travail » auxquelles font face, au quotidien, juges, greffiers et magistrats. Pour autant, il a avoué ne pas en être surpris car « ce sont des propos qu’(il) recueil toutes les semaines quand (il) se déplace sur le terrain ». Mais cette fois-ci, « des propositions seront étudiées » pour répondre tant aux problématiques de la Justice qu’à ceux qui en appliquent les règles. En premier lieu desquelles : le manque d’effectifs. « On attend de vraies mesures, une véritable augmentation du budget pour une vraie augmentation des recrutements et, ce, à long terme », affirme Céline Parisot, présidente de l’Union syndicale des magistrats. Les discussions entre syndicats et ministère de la Justice devraient donc se poursuivre. « Nous nous reverrons très prochainement », a conclu Eric Dupond-Moretti.
Pour autant, au sein de la profession, la rencontre n’a pas fait l’unanimité. Les associations professionnelles représentant les juges des enfants, et des contentieux ainsi que les juges d’instruction l’ont boycotté déplorant « une opération de communication » qui ne montre en aucun cas « une volonté véritable d’entamer un dialogue sérieux et approfondi », a déclaré Christophe Bouvet, juge d’instruction.
Juliette Mely
https://www.humanite.fr/les-magistrats-en-colere-recus-par-le-garde-des-sceaux-729068
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