« Malheureux les pays qui ont besoin de héros »
Le ministre de l’intérieur est devenu un problème sérieux pour la République. En effet, en quelques jours Gérard Collomb a violé au moins deux principes de base de la légalité républicaine : le fait que seul l’État doit être dépositaire des pouvoirs de police et le droit des citoyens et citoyennes de ce pays à manifester en toute quiétude.
Ainsi, pour la 1ère fois depuis août 1944 et la sinistre milice de Joseph Darnand, on a vu en toute impunité un groupe para militaire d’extrême droite paradé en gardes frontières à grands renforts d’hélicoptères et de 4x4 de luxe, cela en s’arrogeant le droit d’arrêter des gens. La tolérance coupable du gouvernement vis-à-vis de l’existence et des agissements de cette milice d’hommes en bleu est d’autant plus grave lorsqu’on la met en regard de la répression qui s’abat sur les citoyens et les organisations qui font œuvre de solidarité en vers les migrants. Quel crédit porter aux paroles de Macron lorsqu’il critique les autorités hongroises au nom des droits humains alors que lui-même et son ministre de l’intérieur laissent agir une milice d’extrême droite sur les frontières de notre République ?
Puis, non content de laisser les « identitaires » faire la police aux frontières, Gérard Collomb s’est employé à saboter méthodiquement la manifestation du 1er mai à Paris, en laissant tranquillement la rue pendant plus d’une heure à quelques centaines d'encagoulés en noir.
Résultat, dans les médias, on ne parla donc que de vitrines brisées, de magasins incendiés, de mobiliers urbains saccagés, pas un mot sur les plus de 50.000 manifestant·e·s, sur les revendications et les luttes des cheminots, des personnels d'Air-France, des étudiants, des hospitaliers, des salarié·e·s Carrefour, des sans-papiers… pas une ligne, ni une image sur les très nombreux cortèges en province. Avec au passage une « héroïsation » malsaine et complaisante de la figure du « black bloc » assimilé à un « combattant anti capitaliste » (sic) en opposition aux « cortèges syndicaux, avec femmes, enfants, vieillards » qualifiés de manière méprisante de ringards, représentants de l'ancien monde, d’inutiles.... « Malheureux les pays qui ont besoin de héros » pour reprendre la citation de Bertolt Brecht, mise dans la bouche de Galilée.
Comme l’a demandé le groupe communiste au Sénat, il serait salutaire que les agissements du ministre de l’intérieur fassent l’objet d’une enquête parlementaire.
Mais, ne nous y trompons pas, Gérard Collomb n’agit pas en franc tireur, son action s’inscrit dans le concept de « démocratie limitée » qu’essaie d’imposer à notre pays Emmanuel Macron avec sa réforme constitutionnelle. Or le sens du combat des communistes, à l’ordre du jour du Congrès du PCF, est justement celui d’une démocratie politique et sociale étendue, fondée sur le principe de l’humain d’abord. Une démocratie qui ne s’arrête pas aux portes des banques et des entreprises et qui n'est pas limitée par les intérêts du capital.
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