PCF/PRÉSIDENTIELLE: LE DÉBAT EST LANCÉ
Fabien Roussel a présenté le rapport introductif à la session du Conseil national du 30 janvier. Extraits.
Dans la première partie de son exposé, le secrétaire national caractérise la crise, tant en France que dans le monde : « Tant au plan international qu'à l'échelle de l'Europe et de la France, la période est ainsi marquée par un accroissement des inégalités, des divisions, des affrontements entre les États et au sein même des Nations. Avec de lourds dangers de dérives populistes, qui prennent le pas sur l'indispensable affrontement de classes et dont nous devons mesurer les menaces qu'elles font planer. » Il analyse ensuite l’attitude du pouvoir face à la crise sanitaire (le scandale de l’organisation de la campagne vaccinale, le poids de l’industrie pharmaceutique), renouvelle l’appel à faire du vaccin un bien commun pour l'humanité, évoque un pôle public de la santé, un soutien à la recherche.
Fabien Roussel caractérise la crise économique et sociale : « Cette crise révèle la véritable portée de toutes ces politiques libérales, de baisses des dépenses publiques utiles, qui ont, gouvernement après gouvernement, marqué notre pays. Elle met en accusation un système qui a affaibli nos services publics, désindustrialisé le pays et porté atteinte à notre souveraineté économique, y compris en matière sanitaire. Pire, elle est utilisée opportunément par le capital pour accélérer les opérations de restructurations des groupes et des filières, organiser le déménagement industriel, aiguiser cette compétition économique entre les hommes et entre les territoires. Le monde du travail, de l'ouvrier à la soignante, de l'artiste à l'agriculteur, de l'ingénieur au commerçant paie lourdement cette crise. »
La politique du gouvernement fait reposer essentiellement l'effort de la crise sur la dépense publique, sans solliciter les assurances, les banques, les profits et même les grandes fortunes. « Le capital n'est pas mis à contribution. »
Face à la casse sociale, « nous avons pris le parti de rendre visible notre engagement aux côtés du monde du travail. Ce travail en direction des entreprises, par branche, nous amène aussi à relancer ou redynamiser des réseaux communistes, à l'image des cheminots, des salariés de Thales, de l'aéro, de la Poste ou encore de General Electric et plus globalement de tout le secteur de l'énergie. »
Le rapporteur liste alors les nombreux secteurs où s’expriment des résistances, des luttes, où s’amorcent des victoires et salue la prochaine mobilisation du 4 février.
Il aborde ensuite la préparation des échéances électorales de 2021 et de 2022, les départementales et régionales (voir la résolution) puis les élections présidentielle et législatives.
Le bilan du quinquennat est très lourd : chômage, pauvreté, production dévitalisée, recul démocratique, renoncement en matière de climat, d’exception culturelle, d’égalité homme/femme : « La nation française se sent humiliée par la destruction de ses capacités productives, sa perte de souveraineté, le mépris des possédants. » Et dans le même temps, la gauche est très affaiblie.
« Qu’est ce qui empêche aujourd'hui la construction d’un grand rassemblement populaire, un front populaire, l’union du peuple pour arracher des victoires ? C'est justement le rôle du Parti communiste français de s’attaquer à cette réalité. C'est son rôle d'œuvrer à une alternative progressiste, à construire cette union populaire, dans l’action. Et pour cela, il doit retrouver son influence, reconquérir son électorat, retrouver sa force pour qu'elle serve à construire les rassemblements les plus larges, dans les luttes, comme dans les autres échéances, je pense en particulier aux législatives qui constituent une échéance majeure. »
Le débat ne peut se réduire à battre Macron et Le Pen, « car le formuler ainsi ce serait s'enfermer dans le scénario que le pouvoir veut imposer. Bien évidemment, la question de l'alternative ne peut être évacuée et jamais notre parti ne s'est engagé dans une bataille pour témoigner. La question qui nous est posée est précisément de se donner les moyens que nos idées entrent en grand en dialogue avec la société française pour élever le niveau de conscience, pour créer les conditions d'une alternative de gauche avec un PCF renforcé en son sein. Dans ce contexte de crise aigüe, de doute populaire, il y a besoin d’espoir autour d’un projet et c’est ce que nous voulons faire en portant un projet communiste, féministe, écologiste, pour reprendre le pouvoir sur l’argent. La question est donc bien de donner de la force à ce projet et de lui donner de la force au sein de la gauche ! »
Le PCF a un rôle à jouer, une ambition pour la France, pour la gauche. Rassembler pour gagner les élections législatives. Et la présidentielle ? « Elle constitue, qu'on le veuille ou non, un temps majeur du débat politique dans le pays. »
Le PCF va « engager le débat et se préparer à ces échéances présidentielle et législatives, comme décidé par les communistes lors de leur dernier congrès. Et c'est une discussion approfondie que les communistes doivent mener en toute souveraineté. C'est la raison pour laquelle nous devons travailler avec soin les moyens démocratiques exceptionnels dont nous nous dotons dans le contexte si particulier lié à la pandémie. »
C'est l'objet de la conférence nationale dont l'objet ne peut se réduire à candidature communiste ou pas, et avec quel candidat.
« Si le Parti prend cette décision importante de présenter un ou une candidate en 2022, elle doit être issue d'une large réflexion de tout le Parti, des cellules et sections jusqu'à la conférence nationale, sur le sens d'une telle candidature, sur les contenus qu'elle doit porter, sur les électeurs et les forces qu'elle entend mobiliser, sur les objectifs que nous nous fixons, dans chaque département, sur les législatives. »
Un bel exercice démocratique en perspective, estime Fabien Roussel qui propose, le jour de cette initiative, « de réunir 1 000 délégués pour cette conférence nationale, à parité, j’y insiste. 1 000 délégués c’est un exercice démocratique ambitieux dont l’objectif est d’associer le plus de communistes à la réflexion. Au lieu de nous réunir à Paris, nous proposons d’utiliser les sièges des fédérations qui pourront accueillir, dans toute la France, les délégués de chaque département. Nous serons la seule force politique à réussir cela et à donner de la force à nos choix, à nos idées. »
Dès à présent, un appel à candidatures est lancé. (…) J'ai déjà dit au Conseil national mon point de vue sur le sujet. J'ai même évoqué ma réflexion sur le rôle que je pouvais assumer si nous décidions de présenter un candidat, comme je le crois nécessaire. Je confirme ces réflexions et vous informe en toute transparence que je répondrai à l'appel à candidatures tel que le propose notre projet de résolution. »
Lire le rapport de Fabien Roussel dans son intégralité.
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