À l’appel de Jean-Luc Mélenchon, 100 000 personnes seraient descendues dans la rue ce dimanche 20 mars à Paris selon les organisateurs. Une démonstration de force de la « Marche pour la VIe République », que des membres de la France Insoumise n’ont pas hésité à illustrer avec des photos… prises en 2017.
À trois semaines de l’élection présidentielle, tous les coups (ou presque) sont désormais permis. Alors que le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a appelé ce dimanche 20 mars à former une « union populaire » à même de le propulser au second tour, ses soutiens n’ont pas manqué de dépeindre son meeting parisien comme une mobilisation massive, quitte à tordre la réalité.
Selon LFI, plus de 100 000 personnes étaient réunies ce dimanche à Paris pour s’élancer de la place de la Bastille à la place de la République. Si la foule était bien au rendez-vous, la préfecture de police de Paris a indiqué n’avoir réalisé aucun chiffrage du rassemblement, permettant de mettre en parallèle le chiffre avancé par les organisateurs. Alors pour attester de la marée humaine promise par le chef de file de la France Insoumise, élus et militants ont relayé des photos du cortège, mais l’une d’entre elles datait en réalité d’il y a près de cinq ans.
Prise le 23 septembre 2017 à l’occasion d’un rassemblement porté là aussi par Jean-Luc Mélenchon contre la réforme du Code du Travail, la photo illustrait une place de la République noire de monde. Une mobilisation massive, qui avait réuni 150 000 personnes selon les organisateurs et 50 000 selon la police à l’époque. Elle avait suivi le même itinéraire que la manifestation de ce dimanche.
À LIRE AUSSI :Mélenchon demande à relire un article : "La Voix du Nord" annule sa rencontre avec les lecteurs
UN INDICE : LES ARBRES
Publiée sur le site de la France Insoumise à l’époque, la photo a très vite été analysée hier après sa diffusion. C’est avant tout le feuillage garni des arbres de la célèbre place parisienne qui a alerté bon nombre d'internautes sur les réseaux sociaux. Mais les gros indices décelés n’ont pas empêché certains élus Insoumis de publier la photo sur Twitter, dont Manon Aubry et Mathilde Panot. Si la première, eurodéputée, a depuis, supprimé son tweet, la députée du Val-de-Marne a laissé la fake news se propager.
Cette opération de communication tombe bien mal. Cette marche du candidat LFI à l'Élysée, qui se voulait une démonstration de force à gauche dans la lignée de celles en 2012 et 2017, devait contribuer à renforcer la candidature du tribun, qui se situe selon les sondages en troisième ou quatrième position. Jean-Luc Mélenchon assure devoir trouver « cinq points en trois semaines » afin de se qualifier, alors que les états-majors des candidats conviennent que le seuil pour accéder au second tour est historiquement bas, en dessous des 20 % d'intentions de vote.