Il est parfois nécessaire de lire entre les lignes, de décrypter des messages subliminaux pour anticiper telle ou telle orientation politique… Mais aujourd’hui, rien n’est plus simple que de se limiter à écouter ce qui est dit, ou à lire ce qui est écrit pour connaître ce qui nous attendra demain dans le domaine des transports en commun. En termes d’avenir, tout a été dit et « non-dit » lors des récentes Assises de la Mobilité. Le fait que la problématique ferroviaire et la SNCF aient été délibérément écarté de tout débat, même ceux portant sur la multimodalité, est riche en enseignement. Les discours d’introduction (ici) et de conclusion (ici) de ces rencontres sont, à ce sujet, riches en en enseignements.
Les lecteurs du premier texte auront relevé – ou non -, une remarque qui loin d'être anodine. Elisabeth Borne : « On le sait : la France est un des pays où la part du contribuable dans le financement des transports publics est la plus élevée. Il faudra se poser la question de la juste répartition de l’effort entre le contribuable et l’usager, à un moment où l’endettement ne peut plus continuer à croître ». Les quelques rares interventions sur le sujet ont souligné, chiffres à l'appui, que la part du coût des Transports (TER, Francilien,..) supportée par l’usager était effectivement bien plus faible en France que dans d'autres pays européens.
Philippe Duron, ex-député recasé dans un « Conseil d’Orientation des Infrastructures » fait sur mesure vient de remettre officiellement au Gouvernement son rapport consacré à l’avenir et au financement des infrastructures de transport. Sur le plan ferroviaire, on pourra y noter un intérêt particulier pour la remise en état des principaux nœuds ou grande gares ferroviaires. Mais quid des 10 000 km du réseau ferré national (UIC 7 à 9) vieillissants ? Réutiliser pour partie les plateformes ferroviaires pour y faire circuler d’autres modes de transport ? Le rapport le préconise. Et un décret voté discrètement l’année dernière le favorise (ici). On reconnaît bien là le Duron prédateur du rail, déjà responsable et coupable de la mise à mal des Intercités et autres trains de nuit…
Mais revenons-en au sujet. La hausse du prix des billets. Page 7 du rapport : « pour les transports collectifs, le Conseil ne peut que préconiser un rééquilibrage progressif de la part payée par les contribuables et de celle payée par les usagers par l’évolution de la tarification des services ». En clair, les billets de TER, Transilien, métro, autres transports en commun subventionnés vont bientôt subir une certaine inflation. Le hasard fait que cette préconisation, noyée dans un rapport de 180 pages, se trouve en parfaite harmonie avec les propos introductifs du Ministre des Transports cités plus haut. Un peu comme si, la semaine prochaine, Jean-Cyril Spinetta proposait une reprise partielle de la dette attribuée à SNCF Réseau en contrepartie de la suppression du Statut et du peu qui reste du régime spécial des cheminots…
Nul n’est besoin d’être voyant pour annoncer le résultat de toutes ces réflexions, assises, colloques, préconisations… : suppression massive de dessertes ferroviaire et fermeture des « petites » lignes, promotion de modes de transports en communs alternatifs aux trains, hausse (pardon, rééquilibrage) du prix des billets de train (et de bus), régressions sociales imposées aux salariés des transports... Après avoir vomi les cheminots et leurs pseudo-avantages, les réjouissances de certains pourraient tourner court, surtout s'ils prennent le train. Car cette fois, tout le monde risque d’être perdant, et sur tous les plans. « Justice sociale », nivellement vers le bas ?
Clients, usagers, préparez vos porte-monnaie ! Fini la rigolade ! Merci Macron.