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UN TEXTE DE LAURENT BRUN

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Si nous voulons reconstruire une organisation de masse et un rapport de force plus conséquent, il faut reconstruire une véritable idéologie de la transformation sociale. Et vite.

 

Pour redonner l’espoir à gauche, pour écarter les fascistes et leurs idées du pouvoir, pour reprendre le stylo qui fait la loi des mains des capitalistes, il ne suffira pas de s’attrouper ou de s’unir dans une liste ou derrière un.e candidat.e.


Il faut reconstruire une véritable idéologie de la transformation sociale.
Il ne s’agit pas seulement de distribuer quelques subventions, de baisser le prix d’un service municipal ou d’instaurer une gratuité sur tel ou tel élément.


Il faut transformer la manière de gérer, mener des luttes pour changer les règles, s’approprier collectivement des outils jusque là privés pour investir de nouveaux champs d’intervention.


Sans cela, le pouvoir de gauche n’est qu’un simple gestionnaire. Et lorsque l’argent vient à manquer pour satisfaire l’ensemble des besoins, on reprend la vieille logique de la trahison « on n’a pas le choix ». Mitterand n’a pas eu le choix du tournant de la rigueur. Jospin n’a pas eu le choix de la privatisation d’Air France et de l’abandon des Lu. Hollande n’a pas eu le choix de la loi travail ou du cice pour la compétitivité... mais aujourd’hui, la ville de Lyon n’a pas le choix (voir article), la région occitanie n’a pas le choix de reprendre en gestion directe des lignes de chemin de fer, le printemps marseillais n’a pas le choix de remettre en cause le droit de grève dans les cantine... et donc la classe ouvrière prendra le choix d’aller à la peche les jours d’élection car au final, ça sert à quoi des élus qui n’ont pas le choix.
Il va nous falloir un grand moment d’autocritique et d’analyse sur nos pratiques de gestion si nous voulons sortir de la défiance généralisée.


Et les arguments du style « c’est mieux que la droite », ou encore « ils ont fait ça, mais ils ont aussi fait telle bonne mesure » n’ont strictement aucun poids. D’ailleurs ils nous conduisent d’échec en échec.
Non vraiment, il faut réfléchir à une véritable autre manière de faire. Sinon le pire est à venir.


Je sais très bien qu’on ne fait pas toujours ce que l’on veut, qu’on ne peut pas en un clin d’œil changer le système qui par bien des aspects contraint les choix, et que les rapports de forces ne nous sont pas toujours favorables. Mais je ne peux plus supporter les élus qui expliquent qu’ils ont mener une bataille simplement parce qu’ils ont eu une discussion soutenue avec un prefet’ un employeur ou un ministre. Une discussion, ça n’est pas une bataille ! sauf peut être pour la CFDT. Une bataille c’est un ensemble d’actions qui visent à mobiliser la population ou une fraction de celle ci, à appuyer sur les contradictions de l’adversaire (y compris quand on est dans un exécutif ou il est majoritaire), à le forcer à se devoiler publiquement pour être soumis au jugement collectif... Quand on mène une vraie bataille et qu’on est battu, on peut dire qu’on a pas le choix. Mais quand on a juste mené des discussions, on peut dire qu’on a fait le choix. De se ranger du côté du système.


Bref. Le syndrome de la gauche plurielle est encore bien présent.

 

Certain considèreront que je suis un gauchiste. Pourtant, je continue d’être discipliné et d’aller voter « pour le moins pire ». Mais j’en ai marre. Et surtout, des milliers de nos concitoyens ne nous bousculent pas avec des coups de gueule comme je peux le faire, ils se contentent de nous ignorer et de ne plus voter du tout, de ne plus se battre. C’est peut être plus agréable pour l’esprit de certain qui peuvent tranquillement affirmer que le peuple n’a rien compris ou qu’il faut « faire de la politique autrement » tout en continuant à tout faire pareil. Mais c’est tout aussi dramatique. Et il faudra bien un jour qu’on en tire des leçons.


Si nous voulons reconstruire une organisation de masse et un rapport de force plus consequent, il faut reconstruire une véritable idéologie de la transformation sociale. Et vite.



24/02/2021
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