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Deux articles intéressants aux lendemains de la conférence nationale.

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IL y a d’abord cet article de Libération, qui, en introduction avec la citation de Fabien Roussel, répond à tout un argumentaire dont nous avons dit le caractère paradoxal, à savoir que le PCF ne représentait rien, mais que faire cavalier seul vouait la gauche à la débâcle. Le second article celui de Marianne, à partir d’un sondage de l’IFOP, montre que la débâcle de la dite gauche essentiellement chez les ouvriers et les couches populaires est telle qu’il n’y a aucun candidat susceptible d’atteindre le second tour, seul ou représentant la gauche unie. Mieux ou pire, ils sont tous battus devant Marine le Pen. Le pire cas de figure étant Jean-Luc Mélenchon.

 

Donc quand Fabien Roussel énonce cette vérité mise en avant par l’article de Libération “Soit je décolle et c’est une chance pour la gauche, soit je reste au ras des pâquerettes et ça ne change rien pour la gauche”, en strict cynisme de cuisine électorale, il a raison. Et encore plus s’il s’agit des législatives qui suivront la présidentielle et qui ont déjà toutes chances d’accentuer la déroute pour l’ensemble de la gauche. La seule tactique même dans un contexte électoral qui reste au niveau stratégique de l’absence de transformation de la société, est bien que chacun fasse un maximum de voix, mobilise son électorat. Et cela est vrai même si on demeure dans l’hypothèse qui est celle de l’impossibilité pour la gauche de gagner, celle où il lui serait impossible de créer un sursaut dans les couches populaires, avec un parti communiste qui dans le temps d’une campagne électorale n’aurait pas pu renverser une tendance créée par tant d’années de désillusion parce qu’il ne pourrait pas convaincre de la nécessité ou de la possibilité d’un changement de société. Ce qui est le problème central auquel l’abstention répond à sa manière.

 

L’article de Libération, comme d’autres d’ailleurs, décrit les états d’âme d’un Mélenchon. Il parait regretter un partenaire pour lequel il n’avait cessé de démontrer un mépris haineux, traitant les communistes de “néant”, refusant le moindre drapeau rouge à ses meetings et repoussant toute possibilité d’un désistement réciproque aux législatives alors même qu’il était censé être leur candidat. Effectivement sans les élus communistes, sans ceux qui propulsaient sa candidature, finançaient en pure perte ses campagnes, en fournissaient les militants de terrain, la situation risque d’être encore plus difficile que les 10% annoncés. Ce n’est pas de la faute des communistes si en peu de temps il a perdu une grande partie de ceux qui s’étaient ralliés au Front de gauche, mais d’abord par son incapacité à construire un parti et donner l’impression d’être dirigé par un groupe occulte avecun chef qui va de foucades opportunistes en foucades opportunistes. Il provoque plus qu’une non adhésion des couches populaires, un véritable rejet… J’ajouterai n’ayant jamais donné dans l’anti-mélenchon primaire et étant bien consciente que les militants de la FI ne sont pas mes ennemis, il me semble que la manière dont le dit Melenchon s’est conduit avec les communistes prouve cette incapacité politique. En fait non seulement il a poursuivi l’oeuvre de mitterrand, effacer les communistes,mais il l’a fait en entérinant une logique désastreuse, assez comparable à Macron qui prétend effacer les partis et la division droite- gauche… Ce n’est pas comme cela que l’on en finira avec le capitalisme, ni même avec la domination de forces réactionnaires de droite et d’extrême-droite.

 

Mais au-delà de ces faits, la réalité est telle, que ce soit Jadot, Mélechon, Hidalgo ou qui que ce soit d’autre, ils reflètent plus ou moins cette deshérence de la gauche. La situation est telle qu’ils ont intérêt pour avoir une représentation aux législatives à ce qu’un candidat communiste s’affronte avec le challenge le plus difficile: à savoir aller chercher les couches populaires abstentionnistes et même celles qui se sont égarées du côté du Rassemblement National. Tous les militants de gauche devraient avoir la lucidité de le comprendre. Le plus tôt ils en auront conscience et arrêteront la stupide guéguerre contre la candidature communiste, le mieux ça vaudra pour eux: si la rencontre entre les leaders de la gauche a un sens ce sera bien celui-là : tout le monde à intérêt à ce que la campagne des communistes réussisse.

Parce qu’il est clair que le challenge des communistes, celui qu’avec courage Fabien Roussel et la conférence nationale a relevé, concerne donc toute la gauche et sa capacité à résister à la droite et à l’extrême-droite. Donc le plus tôt chacun prendra conscience de la situation et arrêtera la stupide campagne de certains sur “la trahison” des communistes, moins la gauche perdra de plumes dans une situation où elle a déjà perdu une part majeure des dites plumes par ses abandons, son incapacité à traduire les problèmes des couches populaires, d’apporter des solutions à la colère qui ne cesse de grandir. La gauche telle qu’elle est a perdu l’essentiel de son assise traditionnelle et recrute chez les bobos et les riches, comme en témoigne le sondage exploité par Marianne.

 

Les communistes sont les seuls à pouvoir faire ce travail non seulement pour eux-mêmes mais pour tous. Mais ils ne doivent pas se faire d’illusion, seul 2% des ouvriers votent pour le PCF tel qu’il est, les couches popuaires abandonnées depuis plus de trente ans ne sont même pas en attente d’un parti communiste mais s’ils retournent à leur fondamentaux un travail de’organisation, de réflexion est possible. Pour le moment ils sont les seuls à sortir le débat politique des stupidités dans lesquelles il a tendance à s’enliser comme la mixité ou la non mixité des réunions de l’UNEF, qui n’intéresse personne si ce n’est le pouvoir qui en profite pour se donner légitimité pour renforcer son autoritarisme anti-syndical. Les seuls à reprendre pied dans les questions d’emploi, d’éducation, de santé publique en refusant les divisions entre les exploités, les travailleurs. Mais il faut qu’ils se transforment pour être réellement utiles.

 

De ce point de vue, le défi relevé par les communistes va bien au-delà de l’élection, il est sur le long terme, il n’est pas simple tactique électoraliste mais stratégie. S’il s’agit de l’existence du PCF, d’un courant communiste qui fait partie de l’identité nationale, le fait est qu’il s’agit de reconquérir une identité mise à mal par sa soumission de plusieurs décennies à la social démocratie sous des formes variées pas seulementouvriériste, mais de classe en tant qu’elle représente l’intérêt national comme l’internationalisme garant de paix. Ce que la Conférence nationale a récusé n’est pas le rassemblement avec les forces de gauche mais leur hégémonie, leurs tractations de sommet, celle de petits bourgeois, qui ne tiennent pas leurs promesses, se perdent dans des débats oiseux. La gauche, à ce stade de décomposition, n’est plus crédible, et l’hégémonie des petits et grands bourgeois a porté atteinte à l’identité communiste mais aussi à sa propre existence, donnant un espace dangereux à l’extrême-droite.

 

C’est donc à la fois la force d’un possible Front Populaire et l’identité de ce parti qui comme le dit la fin de l’article de libération est un parti tel que les “cadres” communistes, qui ont cru bon de mener une fronde en faveur de la poursuite de l’effacement derrière Mélenchon sont “minoritaires dans une famille où chaque vote compte”. Cette simple phrase dit à quel point ce parti est déjà à sa manière la solution au désaveu de l’électorat qui a le sentiment que voter ne sert à rien.

 

Danielle Bleitrach

 



14/04/2021
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