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Fabien ROUSSEL invité de CORSE MATIN "Je sais les pressions exercées sur les députés Liot"

 

 

Fabien Roussel : "Je sais les pressions exercées sur les députés Liot"

Par: Propos recueillis par ANNE-C. CHABANON

 

Publié le: 22 mars 2023 à 11:16

Dans: Politique

 

Fabien Roussel : "Il faut pouvoir sortir de la crise profonde dans laquelle nous sommes plongés".
PAULE SANTONI

 

défendre la réforme des retraites. Vous avez cru à un possible renversement ?

 

Oui, sachant que le but n'était pas le renversement mais l'abrogation de la retraite à 64 ans. L'usage du 49.3 a été ressenti avec une telle violence, j'ai croisé le week-end dernier tant de détresse et de colère, que j'ai espéré une marche arrière. La situation reste grave dès lors qu'il faut pouvoir sortir de la crise profonde dans laquelle nous sommes plongés. Il y a pléthore d'autres préoccupations, l'inflation, le pouvoir d'achat, le gouvernement doit retirer ce texte qui fait déjà l'objet de nombreux recours devant le Conseil constitutionnel.

 

Les trois députés nationalistes corses, membres du groupe Liot à la manœuvre, ont voté la censure tandis que l'île est en pleine discussion avec l'État. Courageux ou inconscient ?

 

J'ai beaucoup échangé avec mes collègues corses et je suis fier que le Parti communiste français ait proposé au groupe Liot de porter cette motion afin de créer les conditions d'un large rassemblement. Je sais les pressions qui ont été exercées sur les députés Liot. Ils se sont montrés respectueux de l'expression majoritaire des Français et des électeurs insulaires, c'est courageux.

 

Leur choix pourrait-il avoir une incidence sur la discussion en cours avec l'État ?

 

Je n'imagine pas un instant Gérald Darmanin aller contre des négociations auxquelles lui-même est attaché. Et il serait encore plus méprisant qu'à cause de ce vote le dialogue soit rompu, car il est indispensable.

 

Comment le gouvernement pourrait-il réunir la majorité des trois cinquièmes au Parlement réuni en Congrès dans le cadre d'une révision constitutionnelle alors qu'il a tremblé sur une motion de censure ?

 

C'est bien la question. Le climat demeurera intenable tant que le texte sera maintenu envers et contre tout. Or, il y a urgence à mener de grandes réformes dans notre pays, celle des institutions, celle en faveur de la Corse, celle pour l'énergie, et bien d'autres, pour lesquelles des lois importantes doivent être votées.

Il n'empêche, à ce stade, la légitimité du gouvernement ne tient qu'à un fil ténu de neuf voix. Ce qui le freinera d'autant pour réunir une majorité de trois cinquièmes au Congrès, et cela, quels que soient les sujets.

 

Vous plaidez désormais pour un référendum d'initiative partagée (RIP). Cette procédure n'a jamais abouti. Pourquoi aurait-elle davantage de chances aujourd'hui ?

 

Ce référendum constitue la seule issue permettant de redonner la parole au peuple et d'enterrer la réforme. Notre requête a été déposée par 252 parlementaires lundi et officiellement reçue par le Conseil constitutionnel qui en a informé le président de la République. Une procédure va s'engager. Nous avons neuf mois pour recueillir 4,87 millions de signatures, un dixième des électeurs inscrits. Si nous les obtenons, Emmanuel Macron aura à soumettre la demande de référendum au Parlement et aux Français. Ce que le président ne veut pas nous accorder, nous pourrons l'obtenir par cette immense pétition populaire. L'ensemble des syndicats, des forces de gauche, y compris des parlementaires du groupe Liot, veulent participer à ce référendum que nous serons extrêmement nombreux à faire signer dans les entreprises, au sein de nos permanences, à l'accueil des mairies. Ce sera une campagne d'une ampleur inédite.

 

Le vote à l'Assemblée a coïncidé avec la sortie de votre livre, Les jours heureux sont devant nous*, récit de douze mois de campagne électorale. Depuis octobre, vous avez repris votre bâton de pèlerin et revenez en Corse un an après votre dernier passage. Pour quelle plus-value ?

 

Le contexte n'est pas le même que celui qui prévalait, il y a un an. Et puis, les élections présidentielles et législatives m'ont laissé un goût amer. Je souhaite retourner discuter avec les citoyens, leur présenter mes projets pour la République et pour la France, mais aussi les laisser me raconter leur quotidien, c'est la raison pour laquelle je privilégie des temps d'écoute. Je boucle mon tour de France par ce déplacement en Corse. J'ai énormément appris des préoccupations des habitants au long cours des régions parcourues et j'ai également réussi à démontrer que nos propositions pour le pouvoir d'achat, contre l'inflation, pour la souveraineté alimentaire, sanitaire, énergétique, sont en concordance avec celles des Français.

 

Vous avez organisé votre venue dans l'île autour de la question énergétique dont vous faites l'une de vos priorités. La Corse vise une autonomie en la matière à l'horizon 2050. À quelles conditions ce cap pourrait-il être atteint ?

 

C'est tout l'objet de ma visite. Je veux m'entretenir avec les élus locaux, les salariés, de leurs problèmes, de leurs ambitions, en mettant l'accent sur les moyens à définir pour un territoire insulaire comme la Corse qui a ses spécificités. Il faut pouvoir investir dans les énergies stables - ne dépendant ni du vent ni du solaire - et décarbonées. Et c'est pour cela que les barrages hydroélectriques comme les centrales nucléaires sont indispensables. Il ne s'agit évidemment pas d'installer une centrale nucléaire en Corse, mais d'investir dans l'hydroélectrique.

 

À Ajaccio, ce matin, vous rencontrez des agents EDF. Le message que vous leur ferez passer, vous qui échangez toute l'année avec leurs collègues sur l'ensemble du territoire ?

 

Il y a des passerelles à instaurer et il est indispensable que nous soyons solidaires entre la métropole et l'île sur la manière de garantir l'approvisionnement en électricité, en énergie décarbonée, stable, je le répète, y compris en période de pic de consommation. L'autre idée, c'est de sortir du marché européen de l'énergie pour ne plus avoir à dépendre de la Bourse à Amsterdam mais de nos choix propres sur le territoire français.

 

Deuxième étape, le site de la future centrale du Ricanto qui devrait être alimentée via le recours à la biomasse liquide. Une option que vous cautionnez en termes d'environnement et de santé publique ?

 

Je vais me forger une idée avec les acteurs sur place qui me dépeindront la réalité telle qu'elle est. Oui, il faut sortir du fioul et ce qui compte, c'est effectivement d'avoir une solution qui respecte l'environnement et la santé publique.

 

39e congrès du PCF à Marseille du 7 au 10 avril prochain. Vous serez reconduit ?

 

Aux 40 000 adhérents de le décider. Le 8 avril, nous aurons décidé de notre orientation et de notre direction. Nous avons un pacte à proposer aux Français pour sortir la France de l'ornière. Nous sommes prêts à gouverner et à tendre la main à toutes les forces qui auraient à cœur de participer à ce gouvernement.

 

Vous avez reçu le prix de la "révélation politique de l'année 2022". Un élu a-t-il besoin de ce genre de récompense ?

 

Je n'ai rien demandé, moi.

 

* Les jours heureux sont devant nous (le Cherche Midi, 152 pages, 14,90 €) récit et réflexion "de la présidentielle à la reconstruction de la gauche".

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23/03/2023
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