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INTERVENTION D'EVELYNE TERNANT AU CN DU PCF DU 30 JANVIER

 

 

Intervention d'Evelyne Ternant au CN du PCF du 30 janvier

Nous avons à mener de front trois agendas, qui plus est dans une période de semi-confinement :

◦ les ripostes à la violence de la crise,

◦ le calendrier interne pour construire une candidature à la présidentielle, avec la préparation de la conférence nationale et du congrès .

◦ les échéances électorales de juin.

 

La difficulté est concrète, en terme de temps et d'énergie militantes, mais elle est aussi d'ordre conceptuel. La question qui nous est posée, c'est comment articuler de façon cohérente ces différents moments de notre action politique, comment ne pas cheminer dans trois couloirs séparés, avec les mobilisations d'un côté, le lancement d'une campagne communiste à la présidentielle d'un autre, et dans une troisième voie parallèle, une approche des élections régionales et départementales qui serait dominée par la question des alliances électorales, sous la contrainte d'éviter le désastre à gauche et renforcer nos positions élues.

 

La candidature communiste à la présidentielle, que je soutiens totalement, ne doit pas être une candidature symbolique de représentation du monde du travail, ou pour montrer qu'on existe, ou encore que ce serait enfin notre tour. Elle se justifie parce que ni le capitalisme vert, ni le keynésianisme à l'ancienne d'une régulation par la redistribution fiscale qui ne porte pas atteinte aux gestions des entreprises et des banques ne sortiront le pays de l'ornière.

 

Ce n'est pas la division de la gauche qui fait sa faiblesse, c'est sa faiblesse intrinsèque, politique et idéologique, qui crée l'abstention et la montée du RN, et contrairement à ce qui est écrit dans l'éditorial de l'Huma hier, il n'y a pas aujourd'hui à gauche le socle d'idées partagées en mesure de donner la perspective de changement, ni faire converger dans un mouvement populaire porteur d'exigences politiques les résistances sociales et les mouvements citoyens actuellement dispersés.

Dans ce processus de construction de la candidature communiste, les élections départementales et régionales ne doivent pas être enjambées, être vécues en faisant le dos rond, comme un mauvais moment à passer en attendant la campagne de la présidentielle.

 

Je pense qu'au contraire elles peuvent être un moment important pour identifier les axes de projet communiste, lui donner de la chair, initier des conquêtes démocratiques dans de nouvelles institutions, faire vivre concrètement des expériences de sécurisation emploi-formation, et ceci, quelles que soient les configurations stratégiques dans lesquelles nous nous retrouverons, qui ne peuvent pas être décidées dans le cadre d'un marchandage national, mais doivent, c'est nos statuts, se construire avec un vote des adhérents organisé démocratiquement, c'est à dire en connaissance de cause, à partir des réalités politiques locales, des contenus, et de notre représentation.

 

Néanmoins, et c'était très utile, une coordination nationale a eu lieu régulièrement pour savoir où nous en étions sur nos réflexions stratégiques dans chaque région, pour celles qui ont participé à ces réunions.

 

Pour en revenir aux contenus, par exemple dans le domaine sanitaire: la pénurie de vaccins nous conduit à poser la question du bien public mondial, la réquisition des capacités de production nationales, le soutien à la recherche publique, le pôle public du médicament, la bataille financière pour que les SP ne soient pas les grands oubliés des plans relance», etc.. Mais nos programmes régionaux relaient également et fortement la question sanitaire avec: -un moratoire sur les suppressions de lits et fermetures de services,- la création des centres de santé pour lutter contre les déserts médicaux -démocratie sanitaire pour remplacer les ARS, bras armé du ministère et incarnation de la technocratie qui applique servilement au secteur public les critères de rentabilité par des structures démocratiques associant les soignants , les usagers, les élus.-des avancées dans la sécurisation emploi-formation avec des pré-recrutements d'élèves infirmiers et aides soignants puisque la formation sanitaire et sociale est de la compétence régionale).

 

On peut travailler à de semblables articulations entre luttes locales, propositions nationales national et déclinaisons territoriales dans la campagne pour l'emploi: par exemple, prendre appui sur les luttes autour des PSE et les destructions d'activités actuelles pour avancer sur la proposition de conférences permanentes pour l'emploi, la formation et la transformation écologique, couplées avec des fonds régionaux, mobilisant le crédit bancaire et les profits, afin de construire un pouvoir territorial face aux directions des multinationales et des banques.

 

Nous devons donc nous poser la question: comment donner dans les semaines qui viennent de la visibilité nationale aux contenus communistes dans nos campagnes départementales et régionales, par delà les programmes qui auront été conclus avec les autres forces politiques, car l'identification par l'électorat du parti à son projet transformateur est un processus continu.

 

Nous sommes dans une perspective de refondation d'un socle d'idées, d'initiatives et de mobilisations qui soit en mesure de faire face à la crise du capitalisme, un ensemble qui ne redonne non pas un espoir factice, car ce sont justement les désillusions et renoncements à gauche qui ont amené , avec l'aide des institutions de la 5ème république, le verrouillage sur le duo Macron-Le Pen, mais ouvre une perspective nouvelle.

 

Ayons confiance en nous mêmes, ayons confiance en l'élan populaire qui peut réunir toutes celles et ceux, nombreux, mais éparpillés, qui cherchent aujourd'hui une issue véritable à l'impasse de civilisation où nous précipite le capitalisme.



06/02/2021
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