http://img11.hostingpics.net/pics/990332blog_2.jpg

http://img11.hostingpics.net/pics/990332blog_2.jpg

Laurent BRUN Secrétaire National des cheminots CGT: Une analyse sur la situation actuelle.

Rassemblement, rassemblement... barrage, barrage... ça fait 20 ans que j’entend les mêmes discours et que c’est d’une TOTALE inefficacité.
Depuis les mobilisations de barrage en 2002 après l’élimination du PS au premier tour, jusqu’à l’effacement de 2017 derrière JLM, en passant par les collectifs anti libéraux qui nous ont claqué dans les doigts (mais pouvait il en être autrement ?), et de 2012 (peut être la seule campagne un peu intéressante), tout ces rassemblements ont échoués, tous les barrages n’ont fait que dresser des digues de bric et de broc idéologique pendant que la marée d’extrême droite montait.
Aujourd’hui il faut tirer le bilan : faire troupeau ne suffit pas, le rassemblement est stérile (pas dans l’absolu, mais dans les conditions d’aujourd’hui) en grande partie parce que les divergences idéologiques au sein de la gauche n’ont fait que se creuser (l’Europe, la décroissance, les privatisations...). Et donc ce rassemblement est factice, ce qu’une grande partie de notre classe comprend instinctivement ce qui la conduit à ne plus s’intéresser au processus politique et à se concentrer sur ses problèmes quotidiens. Une autre partie s’y fait piéger et est immédiatement déçue par les « trahisons » des pouvoirs de gauche. Trahison qui n’en sont pas vraiment puisqu’il s’agit juste de l’expression des divergences idéologiques, que nous cachons dans les campagnes électorales, mais qui re émergent rapidement dans l’exercice du pouvoir. Bref nous ne faisons que nous affaiblir.
Pendant ce temps là, la réaction (extrême droite, droite « classique » qui se durcit de plus en plus, extrême centre macronien) poursuit son entreprise de martelage idéologique et de destruction sociale.
De quoi avons nous besoin ?
Pour moi, la recette est plutôt simple : 1) d’une idéologie qui permette de refaire basculer les esprits du côté du collectif, de la solidarité, du progrès, qui réinvente l’économie et la gestion pour inspirer les luttes. 2) d’une Orga implantée profondément dans les entreprises et les quartiers, qui soit suffisamment bien structurée pour redonner confiance dans les actions et leur potentiel de victoire, dont les processus de fonctionnement démocratique redonne confiance et permette d’écarter le spectre des trahisons de gestion...
Idéologie et organisation. Nous en sommes très loin. L’hégémonie idéologique est acquise au capitalisme. Et nous sommes désorganisés comme jamais.
Il faut reconstruire. Cela ne se fera pas en claquant des doigts, ce sera dur, mais il faut bien commencer quelque part.
Idéologie et organisation. Une campagne électorale çà sert à quoi sur ces deux thèmes ?
Pour les idées, nous n’avons pas besoin d’une énième synthèse à gauche ou d’une union sur le plus petit dénominateur commun. Nous avons besoin de controverses, de polémiques, au sens noble (donc sur le fond). La campagne électorale peut faire ré émerger un débat intéressant à gauche, sur l’économie, la démocratie réelle, la place du travail... un débat entre les candidats et leurs représentants, qui soit rude, pationné, a tel point qu’il soit commenté dans les familles ou dans les entreprises à la machine à café, et qui permette donc de réinterresser, de re mobiliser. Pour cela, il faut que chacun défende ses idées, donc son candidat. Que les candidats s’affrontent, que les débats publics se multiplient... Et avec un peu de chance, cette émulation permettra d’en faire émerger un ou une au second tour. C’est d’ailleurs la seule chance pour cela. Une candidature unique ne fera que stériliser le débat à gauche. Et donc ce sera l’échec pour tous comme depuis 20 ans.
Pour que le débat soit productif, il faut évidemment éviter les invectives d’un côté comme de l’autre « ancien socialiste », « mort et néant », « maastrichien », « 1% », tout cela ne sert à rien. Il y a suffisamment à débattre sur le fond. Quelle économie demain ? Quelle place de l’industrie ? Quelle énergie, produite et distribuée comment ? Quels grands réseaux pour organiser l’économie et selon quels principes ? Quelle place des salariés dans le processus de production ? Quels temps libérés dans la journée, dans la semaine et dans la vie ? Quels besoins socialisés dans des services publics, selon quels principes et quels modes de financement ? Comment organiser la ville, et comment organiser les campagnes : concurrence métropolitaine ou autre ? Quelles infrastructures pour la culture, le sport, les loisirs, quel accès ? Quel logement ? Quels financements pour tout ça entre salaire, cotisation, impot, emprunt et dividende ? Il faut tout réécrire et en débattre jusqu’à ce qu’on se soit approprié les solutions et qu’elles imprègnent la société. Il y a tellement de sujets. Rien que sur le ferroviaire, il y a des conférences et des débats pationnants à organiser.
Avoir son candidat permet de pouvoir mener ces débats en toute liberté à partir de ses propositions programmatiques, de developer précisément ses idées dans sa communication...
Pour l’organisation, il faut évidemment partir aussi sous ses couleurs. Donner des responsabilités à des jeunes camarades pour mener la campagne sur des secteurs précis (donc former des cadres aux pratiques d’organisation), organiser des formations, trouver des soutiens chez les syndicalistes ou dans les quartiers ou les associations et donc recréer des réseaux/collectifs/sections de proximité avec eux, faire adhérer des citoyens aux idées qu’ils partagent donc renforcer notre Orga... dans un rassemblement, on ne peut pas vraiment travailler son Orga parce que le rôle de chacun est brouillé, sans parler du message.
Donc personnellement ça ne me convaincra pas qu’on me répète ad nauseum qu’il FAUT UN RASSEMBLEMENT (tout en ne réunissant pas les conditions pour qu’il ait lieu, de toutes façons).
 
 
 
 


25/03/2021
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Actualités locales pourraient vous intéresser