Besoin de vérité.
La tâche du soupçon risque d’être indélébile ! Nul ne conteste que la gestion d’une telle crise sanitaire soit ardue et doive réclamer la mobilisation générale du pouvoir politique. Pourtant, et alors que la pandémie de Covid-19 continue de s’étendre, voici que l’ancienne ministre de la santé – élève modèle de la macronie – dévoile que le pouvoir aurait volontairement retardé les dispositions nécessaires pour affronter le « tsunami » sanitaire.
Ceci au moment où les dirigeants italiens ne cessaient d’alerter et d’en appeler à des actions coordonnées, sans aucune aide des institutions européennes et alors que la présidente de la Commission européenne vient de déclarer que les dirigeants européens ont « sous-estimé » la gravité de la situation.
Lors de son entretien télévisé mardi soir le premier ministre n’a pas démenti les propos de Mme Buzyn. L’affaire est donc grave ! Elle prouverait que l’exécutif n’a pas raisonné en fonction de l’intérêt des citoyens, des travailleurs et des personnels de santé, mais de celui des entreprises, tout en privilégiant la tenue des élections municipales alors que l’alarme était sonnée au sommet de l’Etat. C’est du reste ce même raisonnement qui est actuellement appliquée quand des ministres courent les plateaux de télévision pour annoncer des sacs de milliards d’aides aux entreprises, subitement dénichés, sans annoncer un seul sous de plus pour les services publics.
Mme Buzyn, est allée jusqu’à asséner que le maintien des élections municipales relevait de la « mascarade ». Pire, le Conseil des ministres extraordinaire convoqué le samedi 29 février sur l’épidémie de Covid-19, soit plus d’un mois et demi après les alertes prétendues de Mme Buzyn, a été l’occasion non pas de répondre à l’urgence sanitaire mais de décréter le fameux 49-3, non inscrit au procès-verbal, pour imposer la contre-réforme des retraites.
Les contradictions de la communication gouvernementale se poursuivent. Et, voici que le pouvoir se défausse sur un conseil scientifique dont il a pourtant choisi les membres et dont on se demande la nature des compétences en matière de calendrier électoral. Autrement dit, on cherche à faire porter le chapeau aux scientifiques. L’insupportable poison du soupçon et du mensonge d’Etat fait son chemin au service d’un autre virus : le populisme d’extrême droite.
Si Mme Buzyn avait une conscience si vive pourquoi n’a-t-elle rien dit ? Pourquoi a-t-elle affirmé le 20 janvier que « le risque de propagation du coronavirus dans la population est très faible ». Elle doit maintenant s’expliquer et Le président de la République doit répondre à ces questions.
Sans attendre, les citoyens doivent disposer des délibérations politiques et scientifiques de ces dernières semaines et celles à venir. Des commissions d’enquête parlementaire doivent pouvoir faire toute la lumière sur ces épisodes. L’efficacité dans le combat contre la maladie a besoin de vérité.
Patrick le Hyaric : Directeur du journal l’HUMANITE
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