DÉMOCRATIE. LA FONCTION PUBLIQUE, ANTIDOTE AU CAS BENALLA
Pour la CGT, l’affaire illustre les dérives qui pourraient se multiplier si l’État persiste à s’attaquer au statut des fonctionnaires et développe le recours aux contrats. Entretien.
Comment Alexandre Benalla, agent contractuel de 26 ans, a-t-il pu avoir autant de pouvoir au sein de l’Élysée, comme celui de participer à la réorganisation des services de sécurité de l’Élysée ?
Baptiste Talbot Déjà, de notre point de vue, il y a très peu de garde-fous concernant les emplois de cabinet. On peut recruter un contractuel de gré à gré, fixer de manière quasi libre sa rémunération et lui confier des missions qui n’ont pas à être nécessairement clairement définies. Avec Benalla, on est face à un cas caricatural car il ne serait pas même situé dans l’organigramme de l’Élysée. Malheureusement, c’est assez caractéristique de ce que pourrait devenir la fonction publique si on laisse Macron mener jusqu’à son terme l’offensive qu’il a engagée contre le statut des fonctionnaires.
En quoi la contractualisation d’Alexandre Benalla est-elle significative pour vous ?
Baptiste Talbot Le cas Benalla illustre l’image d’un agent de la fonction publique entièrement soumis au pouvoir politique parce qu’il est contractuel, et donc plus facilement exposé au licenciement, et une conception de l’action publique…
Le 20 juillet, des policiers se sont rendus au domicile d’Alexandre Benalla, à Issy- les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), pour y mener une perquisition. Leur objectif : récupérer des armes stockées dans une armoire forte. Mais, à leur grande surprise, le protégé d’Emmanuel Macron n’a pas les clés. Sa compagne n’étant pas à Paris et le serrurier non disponible, ils font demi-tour tout en prenant garde de laisser un autocollant, faisant office de scellés provisoires. De retour le lendemain, les policiers peuvent pénétrer dans le domicile, mais l’armoire s’est évaporée. Et Benalla de nier toute implication. Interpellé par ces péripéties, le syndicat de policiers Vigi, partie civile du dossier, a saisi le 30 juillet le juge d’instruction pour solliciter une enquête pour des soupçons de dissimulation de preuves. « On pourrait croire que le parquet, aux ordres de la garde des Sceaux et indirectement de l’Élysée, a voulu savonner la planche avant de passer le dossier », accusent ses membres dans un communiqué. Remords ou peur d’une condamnation, Alexandre Benalla a ramené les armes à la justice le soir même. Mais ce n’est pas tout, apprenait-on dans le Monde : une autre perquisition datée du 21 juillet, menée au siège de LaREM, a révélé la présence de deux armes à feux non déclarées. Une autre, propriété du mouvement, était, elle, portée par Vincent Crase, compagnon d’Alexandre Benalla le 1er Mai et salarié de LaREM.