Esther Benbassa Nous n’avons pas attendu ces élections pour y travailler sérieusement et non pas seulement mettre une rustine verte comme l’a fait LaREM. Le fruit de ce travail est que la jeunesse regarde vers nous, nous sommes le premier parti des moins de 34 ans, ainsi je lis un sondage expliquant que 24 % des électeurs de Hamon ont voté pour la liste Yannick Jadot, ou 19 % de ceux de la France insoumise. Nous représentons l’avenir, l’avancée écologiste s’est constatée quasiment partout en Europe, en Belgique, en Finlande, au Luxembourg, etc. Nous avons une grande responsabilité aussi, je ne veux pas banaliser le score de l’extrême droite avec ses 500 000 voix en plus.

Yannick Jadot prend soin de préciser que sa liste se veut ni de droite ni de gauche. « Nous sommes les porte-parole d’une société écologiste en Europe et en France qui n’est ni de droite ni de gauche », résume, de son côté, l’eurodéputée Karima Delli. Que vous inspire cette position ?

Esther Benbassa On peut appeler les choses autrement aussi. Les jeunes qui ont voté pour l’écologie ont, selon moi, des valeurs de gauche, d’ailleurs, la droite ne s’y est jamais vraiment intéressée. Ces valeurs de gauche peuvent s’exprimer différemment, je rappelle que nos préoccupations d’écologie politique ce sont aussi les migrants, la lutte contre la pauvreté, contre l’exclusion. Nous sommes du côté des minorités. Nous devons davantage parler aux couches populaires tentées par l’extrême droite, sans se contenter de parler à la classe moyenne.

On sent bien que Yannick Jadot a l’ambition d’être un élément central d’une reconstitution future et pas seulement un élément parmi d’autres…

Esther Benbassa Oui, mais enfin il y a un parti. Il ne décide pas tout seul. Nous avons des convictions. Je ne vois pas d’écologie sans justice sociale. Je l’ai dit avant les élections, je l’ai dit pendant et je continuerai à le dire. Je ferai de mon mieux pour que ce point de vue ne disparaisse pas. En tant qu’élue, je m’occupe de nombre de sujets ayant trait à la défense de la justice sociale.

Aurore Bergé, Daniel Cohn-Bendit ou Pascal Canfin multiplient les appels du pied à EELV, notamment pour constituer une coalition au Parlement européen. Qu’en pensez-vous ?

Esther Benbassa De mon côté, je dis non. Et je ne crois pas que Yannick Jadot dira oui. Car Les Républicains et le centre rejoindront aussi très probablement LaREM. On assiste aujourd’hui au grand débat convulsif de la droite qui est sortie meurtrie des élections européennes. Et les clins d’œil récents de Gérard Larcher, qui veut reconstruire la droite et le centre sans LR, sont assez clairs.