Laurent Brun : Secrétaire général de la CGT des Cheminots.
La dette publique est-elle un problème (qui justifie la réforme des retraites) ?
(Nb: N’ayant pas la science infuse, j’accepte volontiers les critiques et les corrections de mes amis économistes, et des autres aussi).
Pendant la crise du coronavirus, l’Etat s’est endetté. C’est manifeste. Il l’a fait pour mettre en œuvre des mesures sociales (que l’on pourrait critiquer mais ce n’est pas l’objet du post). La dette publique est passée de 98,1% du PIB en 2018 à 115,7% du PIB en 2020, soit environ 340 milliards de progression.
Ce n’est pas une bonne nouvelle, mais ça n’est en rien un problème.
Il faut déjà savoir que la dette publique ne se rembourse pas comme votre maison, avec des mensualités régulières. Chaque créance émise se rembourse à l’échéance en totalité (interêt et capital), ce qui fait que si vous ré-empruntez immédiatement, c’est neutre pour votre trésorerie. La seule question qui se pose est donc « la France trouvera t elle des prêteurs ? ». Actuellement notre pays a besoin d’emprunter entre 80 et 100 milliards par an. Étant donné les milliards qui ont été déversés sur les marchés financiers par les banques centrales, il est peu probable qu’on se retrouve « à court ». Et les taux sont négatifs (c’est à dire que vous remboursez moins que ce qu’on vous a prêté) parce que les capitalistes s’inquiètent d’une crise potentielle. Ils placent donc leur argent sur des états fiables qui leur assureront la protection de leur capital même s’ils doivent pour cela en céder une petite part (ils misent probablement sur le fait que ça leur coûtera moins cher que l’explosion d’une bulle spéculative ou autre séisme financier).
Quand bien même les marchés ne répondraient plus, il y a beaucoup d’autres solutions mais n’étant pas économiste je ne détaille pas. Mesurons simplement que l’épargne des français serait équivalente à environ 5000 milliards ! Donc rien qu’obliger les banques à réorienter une part de cette mane sur les obligations d’Etat et le sujet est réglé.
Donc la dette publique est une question mais pas un problème.
D’un autre côté il y a la dette privée, celle dont personne ne parle, la dette des « entreprises non financières ». Celle-là aussi à beaucoup progressée pendant la crise : elle est passée de 131,2% à 156% du PIB, soit une progression d’environ 500 milliards !!!
Alors la, par contre, c’est un problème.
Dans les entreprises non financières il y a les petites comme les grosses. Et les petites travaillent souvent pour les grosses. Quand les trusts ont besoin de liquidités, ils pressent leurs salariés mais ils pressent aussi leurs sous-traitants, ce qui fait que leurs difficultés deviennent les difficultés de toute l’économie.
Or les grands groupes du CAC40 ont décidé de continuer à verser des dividendes malgré le fort ralentissement de l’économie. Il a bien fallu prendre l’argent quelque part. Il y a eu les aides de l’Etat et il y a eu l’emprunt. En 2018, 43 milliards ont été extraits des entreprises du CAC40 pour leurs actionnaires, 49 milliards en 2019, 33 milliards en 2020, et elles devraient verser 52 milliards en 2021. Si on compte toutes les entreprises avec un actionnariat, on ne doit pas être loin des 500 milliards !
Les petites entreprises vont avoir à assumer le remboursement de leur dette et la pression supplémentaire que leur met leur donneur d’ordre pour rembourser la sienne et prospérer.
Comment donc éviter le crash ? Et bien en augmentant l’exploitation du travail. Or l’une des parts importante du salaire, c’est la cotisation sociale. En conduisant une nouvelle réforme des retraites (et en l’assortissant quelques mois plus tard de nouvelles exonérations de « charges » sociales), on répond en partie à la question de l’endettement privé. D’où, selon moi, l’empressement des serviteurs politiques des capitalistes. Que ce soit Macron, ou un successeur de droite, il faut se préparer à cette attaque parce que LEUR système conduit à ce qu’ils n’aient pas le choix.
Mais cette réforme ne sera pas faite pour résoudre la question de l’endettement public, elle sera fait pour assumer le paiement des dividendes des actionnaires parasites !
Au passage, nous pouvons voir que l’économie publique (basée sur l’impôt et la cotisation) tend à préserver la société, a la stabiliser. Alors que l’économie privée (commerce, marché) tend à ne pas savoir faire face aux crises et à déstabiliser de plus en plus la société.
Une nouvelle preuve qu’il faut changer de système, que d’autres mecanismes, d’autres valeurs, et d’autres finalités doivent être construite. C’est pour moi la question du socialisme qui est posée. Et cette crise du coronavirus ne fait que le révéler un peu plus.
Vive la retraite a 60 ans à taux plein (et moins pour les métiers pénibles), et vive le socialisme !!!
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