Luttes et indépendances au Royaume-Uni, en Irlande, en Ecosse
Preuve que la privatisation du rail ça ne marche pas : N'ayant jamais atteint la rentabilité en trois ans d'exploitation de cette ligne très fréquentée, la société Virgin Trains East Coast se voit retirer sa franchise dès le mois de juin
Le gouvernement britannique a confié en 2015 l’exploitation de la ligne de chemin de fer East Coast Mainline, qui dessert entre autres les villes d’Edimbourg, Leeds ou Newcastle, à une société privée : Virgin Trains East Coast, coentreprise appartenant à Stagecoach (90%) et Virgin (10%). La concession devait durer huit ans, en contrepartie du versement à l’Etat de 3,3 milliards de livres (3,75 milliards d’euros) par an. Mais quatre ans plus tard, voilà que les autorités annoncent qu’elles vont reprendre le contrôle de la ligne. Virgin Trains East Coast n’est en effet jamais parvenue à être rentable.
Le ministre des Transports, Christopher Grayling, avait déjà prévenu en début d’année que le temps de cette concession était compté, après avoir déclaré à la fin de l’année 2017 qu’il prévoyait désormais d’en faire un partenariat public-privé en 2020. Il a donc annoncé ce mercredi devant la Chambre des communes qu’il mettra fin aux contrats de Virgin Trains East Coast dès le 24 juin. A compter de cette date, et jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée, les lignes seront gérées par le ministère, via un «opérateur de dernier recours», selon The Independent. Virgin Trains East Coast est la troisième société privée à se casser les dents sur cette ligne, après GNER en 2007 et National Express East Coast en 2009.
La décision a fait l’objet de commentaires sarcastiques dans l’opposition, à l’image de l’élu travailliste John McDonnell, qui occupe le poste symbolique de Chancelier de l’Echiquier du cabinet fantôme. «Satisfaction de voir Grayling mettre en œuvre le premier volet de la promesse du programme travailliste consistant à renationaliser les chemins de fer», a-t-il tweeté ce mercredi.
«Il est clair que la privatisation des chemins de fer a déraillé», a de son côté ironisé Hugh Roberts, responsable du rail dans le principal syndicat britannique, Unite. Selon lui, «faire revenir les lignes de l’Est sous propriété publique de façon permanente doit constituer la première étape de renationalisation de l’ensemble du réseau ferroviaire».
Quant au secrétaire général du syndicat de cheminots Aslef, Mick Whelan, il a souligné que quand la ligne était sous le contrôle du secteur public, «elle avait rapporté 1 milliard de livres. Voilà qui montre, ce que nous avons toujours dit, que les chemins de fer du Royaume-Uni devraient être contrôlés, avec succès, par un service public, et non par le privé. Parce que le privé en est incapable.»
Libération
Le syndicat Unite des chemins de fer a réclamé la nationalisation de toutes les lignes ferroviaires du pays.
"Ce serait mieux pour l'économie, pour les finances et pour les usagers (...) si le gouvernement mettait fin à la privatisation du rail", a dit l'un des responsables du syndicat, Hugh Roberts.
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