Il n’a pas été le seul loin de là…
Avis à Mélenchon qui tente désespérément de passer d’un militantisme type « nuit debout » à une assise populaire en conservant l’emprise du chef sur le tout : on peut de l’intérieur détruire le PCF, et certains ne s’en sont pas privés, mais il est difficile de l’extérieur de prétendre le remplacer par le seul discours et les symboles (1)… Si Macron en fait son opposant privilégié c’est parce qu’il sait cela..
Sur la forme, la France insoumise peut vaincre la malédiction du « mouvement », par exemple il peut tenter de réinventer le centralisme démocratique. C’est une des rares méthodes éprouvées pour « dépasser » le groupe étroit autour du leader charismatique et surmonter le drame de troupes inemployées ou alors simplement en période électorale comme colleur d’affiche et représentant de commerce du chef charismatique dans quelques porte à porte, mais jamais sollicités, jamais formés, jamais sujets de politique, simplement de mécontentement.
Il y manque le parti, son centralisme démocratique mais aussi et surtout la conscience de la base d’être aussi responsable, acteur que le chef… la discipline et la créativité… Il y manque l’essentiel, la confiance que l’on a en son voisin, en son compagnon de travail, une histoire désormais ancienne de conquêtes sociales, des souvenirs familiaux, du respect autant que de l’incrédulité attendrie devant l’idéalisme indécrottable de celui qui vend un journal tous les dimanches.
Ceux qui depuis des années prétendent brader cela en invitant à la suppression du nom PCF sont soit des irresponsables, soit des vendus. ou les deux mon capitaine..
Seuls les communistes, s’il n’est pas déjà trop tard, pourront actualiser cet héritage d’un parti capable de naitre des couches populaires en attirant à lui de ce fait le meilleur de la création, de la science, de ce qui fait la France dans un internationalisme bien compris. Il ne s’agit pas, comprenez-moi bien de faire renaître grand-père mais bien de retrouver ce qu’il a su mettre en place par tant de sacrifices, à savoir la confiance des masses, le sentiment même chez ceux qui ne votaient pas communiste que leur parole avait du sens.
Cela ne sera pas facile parce qu’il a été fait table rase, de l’intérieur et nul autre que des communistes ou se présentant comme tels ne pouvaient opérer cette destruction, au profit de qui? on l’imagine… L’opération si elle est apparue proche du PS, servait en priorité le capital… Elle n’a pas été conçue pour assurer la promotion d’un Mélenchon cherchant à se blottir dans le nid encore chaud du PS.
Le capital peut détruire la capacité de rassemblement des couches populaires mais il ne les recrutera pas, il aura seulement leur abstention et parfois il s’en contente ou alors il a recours au fascisme.
Et toujours sans l’existence d’un parti communiste, il renforcera son autoritarisme, sa surexploitation et sa corruption qui fait partie de son « ADN »…
Danielle Bleitrach
(1) notez en effet que dans le même temps où il manie un discours apaisé d’ouverture et de rassemblement, il reprend l’internationale jusqu’ici prohibée dans ses meetings et il y ajoute le poing levé… Comme le disait Marx dans le reflux après 1848: « désormais, leur défaite étant consommée, toutes ces fractions (de la petite bourgeoisie subissant la pression du grand capital) s’appellent républicains ou rouges, tout comme en France, les petits bourgeois républicains se parent du nom de socialistes …) il va de soi que le changement de nom de ce parti ne modifie en rien son rapport aux travailleurs, mais prouve simplement qu’il est obligé de prendre appui sur le prolétariat pour faire front contre la bourgeoisie associée à l’absolutisme » p.550. Ecrits politiques de Marx dans la Pléiade, un texte essentiel sur la nécessité de l’autonomie du prolétariat. et Marx d’ajouter (p.552) « les petits bourgeois social démocrate » prêchent au prolétariat de façon générale l’union et la réconciliation; ils lui tendent la main et s’efforcent de créer un grand parti d’opposition qui regrouperait toutes les tendances dans le parti démocratique; autrement dit ils tentent de fourvoyer les travailleurs dans une organisation de parti où prédomine la phraséologie social démocrate avec ses généralités qui dissimulent ses intérêts particuliers, les revendications concrètes du prolétariat ne devant pas être formulées sous peine de troubler la paix bien aimée. Une telle association tournerait à leur seul avantage et entièrement au désavantage du prolétariat, lequel perdrait entièrement sa position indépendante chèrement acquise pour tomber au rang de simple appendice de la démocratie bourgeoise officielle« .
Ces citations ont le mérite de nous faire concevoir ce que j’entends quand je dis que l’opération a été menée de l’intérieur et que Mélenchon n’est intervenu que comme la cerise sur le gâteau si l’on peut dire…