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Jean Claude Delaunay : la modernité et la civilisation chinoise, la régression française.

Ce texte de Jean Claude Delaunay publié ici même met bien des pendules à l’heure. Jusqu’à quand les communistes français pourront vivre cette situation parfaitement schizophrène de prétendre défendre “la modernité et la civilisation” de leur pays en défendant par exemple les conquis de la libération et de le faire en apportant caution au capitalisme qui est un retour vers la barbarie. Cette caution il l’apportent en refusant de donner un but à leur action politique interne : le socialisme, en se contentant de tactiques électorales et de vagues soutiens à des combats syndicaux sans aucune perspective propre à un PCF. Cette caution ils l’apportent en tenant un discours creux sur la “démocratie” exigée des nations dont les USA et leurs vassaux occidentaux nient la souveraineté. Leur attitude au mieux donneuse de leçon face à la Chine prouve le caractère fou de cette démarche (1). A contrario, je voudrais rappeler le texte de Karl Marx que nous avons publié ici même sur la Chine, l’Angleterre et la Révolution qui anticipe sur ces questions :

 https://histoireetsociete.com/2020/03/10/karl-marx-la-chine-langleterre-et-la-revolution-deplacement-du-centre-de-gravite-mondial/ (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Bien que les notions de modernité et de civilisation soient extrêmement floues, en l’état où elles apparaissent dans ce texte, la discussion menée à leur propos en ce qui concerne la Chine contemporaine me paraît tout à fait intéressante. En 2013, l’auteur, Xu Jilin, concluait donc que la Chine était entrée dans la modernité mais qu’elle n’était pas encore vraiment entrée dans la civilisation. Je ne sais pas si cet auteur écrirait le même texte aujourd’hui, en 2020. Quoiqu’il en soit, je voudrais, à toute allure, esquisser une opinion radicalement contraire de la sienne en affirmant que, parce que la Chine est socialiste, parce qu’elle est orientée par et vers la satisfaction réelle, non verbale, des intérêts populaires, la Chine est simultanément entrée dans la modernité et dans la civilisation.

 

En deux mots, ou un peu plus, que désigne la notion de modernité? Elle désigne le fait qu’à partir du 18ème siècle en Europe occidentale, puis au 19ème siècle, en Europe occidentale et en Amérique du Nord, la lutte contre la rareté des biens a pris un tour nouveau. Elle a été effectuée à l’aide d’instruments, de machine outils industrielles produites industriellement. C’est, en gros ce que disait Adam Smith. La richesse des nations résulte désormais du degré de la division du travail que l’on observe dans les nations et ce degré est lui-même fonction de la quantité et de la nature du capital fixe que les agents de chaque nation investissent. De ce centrage théorique et pratique du fonctionnement des sociétés “modernes” sur l’investissement matériel a résulté un formidable développement de la production de biens et de services dont nous sommes aujourd’hui les héritiers.

 

Que désigne à son tour la notion de civilisation? Cette notion est d’autant plus floue que l’on ne met pas en œuvre une analyse en termes de classes sociales. Cela dit, on peut y arriver même sans cela. Je vais illustrer mon propos en évoquant les écrits d’un aristocrate russe du début du 19ème siècle. Cet aristocrate s’appelait Henrich Storch et il était précepteur des enfants du tsar. Ce n’était pas vraiment un démocrate, mais il était quand même franchement admiratif des écrits d’Adam Smith. Il se trouvait donc dans la situation intellectuelle totalement incohérente d’un type enseignant d’une part que la richesse des nations dépendait de la division du travail (et donc de l’investissement en capital fixe) et d’autre part, vivant dans un pays arriéré de ce point de vue. Lui même, en tant qu’aristocrate, participant de cette arriération.

 

De cette contradiction est née sous sa plume une théorie originale que voici et dont il a fait l’exposé dans un livre paru en 1815, traduit en France en 1823, sous la responsabilité éditoriale de Jean-Baptiste Say, tout à fait opposé à ce genre d’idées.

 

Pour Storch, la richesse d’un pays est composée de deux types de biens : 1) les biens externes, c’est à dire les marchandises, produites par les entreprises pour être vendues “à l’extérieur”, sur un marché. 2) les biens internes, c’est à dire l’ensemble des biens produits par l’Etat (ce que nous appellerions aujourd’hui les services collectifs, la santé, l’éducation, la culture, la défense nationale, la sécurité, etc. et bien sûr, pour lui, la religion) et qui sont, dit-il, le fondement de la civilisation.

 

On retrouve donc dans ses écrits un écho de ce que développait Hegel à savoir d’une part l’existence de la société civile, du marché, bref de la “bête sauvage”, comme l’écrit Hegel, pas très éloignée de la barbarie, et d’autre part l’existence de l’Etat, le contrepoids civilisateur de la barbarie marchande.

Storch reprenait ainsi la discussion ancienne que l’on trouve dans le débat occidental entre les individus qui composent la société, d’une part, et l’Etat, d’autre part. J’imagine qu’au terme de son livre, Storch a dû être très content de lui puisqu’il s’estimait en mesure d’affirmer que son pays, la Russie, ne participait guère de la richesse mais qu’il avait la civilisation.

 

J’en viens maintenant à la Chine socialiste. Oui, grâce au socialisme, ce pays est entré dans la modernité. Il investit, il produit et les Chinois consomment. Sans doute est-ce la raison principale expliquant que la très grande majorité des Français aient peur de la Chine. Cette très grande majorité préfère sans doute continuer de vivre dans sa merde et laisser la grand bourgeoisie diriger la France et l’appauvrir avec résolution. Au lieu de réfléchir sur l’exemple chinois, sur les raisons de son développement matériel; sur le bien-être qui en résulte pour le peuple, sur le fait que la Chine contrôle le covid19, alors que, eux, en subissent les effets à rebondissement, non, non, il faut avoir peur de la Chine. Quoiqu’il en soit, et c’était déjà la conclusion de Xu Jinlin, la Chine est entrée dans la modernité.

OK, pour la modernité, mais quid de la civilisation? Ce que Xu Jinlin ne semble pas avoir compris, c’est que la civilisation, ce n’est pas un concept creux, fait de vents et de musiques. C’est un concept plein, fait d’activités collectives de plus en plus nécessaires au fonctionnement de la société non seulement pour y être bien moralement, mais pour que la richesse s’y développe.

 

Ces activités sont celle de l’éducation jusqu’à l’université, ce sont celles de la santé, de la recherche, du sport, de la culture, de la communication, de l’administration générale, de la protection de l’environnement, de la planification, de l’activité internationale, de la défense. Toutes ces activités de l’Etat, ce sont des activités de civilisation. Certes, dans cet ensemble, les Etats-Unis, par exemple, savent développer les dépenses de guerre, de propagande. Oui, mais les autres? Même en ce qui concerne la recherche, ce pays tend à devenir de plus en plus faible.

 

J’énonce ma conclusion. La Chine a non seulement, grâce au socialisme, trouvé les voies de la modernité économique. Car les dirigeants de ce pays ont su et pu également, sur la base d’un développement national, développer la production des biens de civilisation. Ceux-ci sont désormais indispensables à la production des biens matériels.

 

Cela dit, la consommation de ces biens particuliers ne fait pas qu’engendrer des effets économiques. Ce sont les formes, pour la plupart d’entre elles les plus satisfaisantes de développement des hommes, de leurs connaissances, de leur individualité. Bref, le socialisme chinois est entré dans la modernité et la civilisation, en sachant combiner les deux.

 

Nous ne pouvons pas faire la même chose en France? Serions nous devenus collectivement cons à ce point que le concept de socialisme nous ferait peur éternellement? Sommes nous tout simplement devenus des barbares bornés qui refuseraient la civilisation?

 

J.Cl. Delaunay

 

(1) pour dire jusqu’où peut aller le délire de certains “militants” communistes pris dans cette schizophrénie, je voudrais citer le commentaire adressé par l’un d’entre eux (Bernard Rapp) à ma personne et à ce blog à propos du texte publié ici sur le faux concernant la déclaration de l’ONU et qu’un lecteur avait repris.

 

https://histoireetsociete.com/2020/08/13/non-lonu-na-pas-denonce-les-camps-dinternements-massifsouighours/

 

La fiche de police de Bernard Rapp

Donc à la suite de cette publication par un lecteur, il y a eu cet extraordinaire commentaire d’un certain Bernard Rapp, que nous publions ci-dessous notons qu’à aucun moment il ne parle du texte publié, le commente. Il se contente d’une mise à l’index qui est de l’ordre de la diffamation. Ce type d’écrit et ce qui suivra ne relève pas d’un débat mais d’une fiche de police. Ce n’est pas le premier, ce ne sera pas le dernier et j’ai même quitté définitivement le PCF le 22 avril 2020 à la fois quand l’humanité et la direction du PCF a cru bon de censurer l’anniversaire de la naissance de Lénine mais aussi parce qu’un imbécile avait cru bon d’établir sur moi une fiche des renseignements généraux sous le titre DB1938. Le ridicule le disputait à l’infamie dans les deux cas et j’ai décidé de devenir “sympathisante”.

 

Mais l’important est ailleurs, il est dans la dégradation due à l’absence de formation, de stratégie, dont témoigne un tel esprit de pure délation. C’est la chose qui nous intéresse ici, parce que ce qui est visé c’est la possibilité même de parler de la Chine autrement qu’en dénonçant “”la dictature”. Cela s’est passé hier 13 août 2020. . Je ne cite que la remarque initiale du dit Bernard Rapp, elle a été assortie par la suite des habituelles remarques sur mon âge et sur “la pollution” que je représenterai, allant jusqu’à affirmer que le PCF avait du m’exclure, etc… Mais revenons sur cette manière d’être du militant dont ce pauvre homme ne voyait pas à quel point elle ressemblait à celles de l’inquisition, refusant le débat sur le fond mais excommuniant les pensées sacrilèges. Bref une pensée entrée ni dans la modernité, ni dans la civilisation et dans laquelle la foi en l’avenir, en la Révolution s’était transformée en obscurantisme et chasse aux sorcières derrière les petits chefs. C’est ce travail de destruction idéologique qui s’opère depuis plus de vingt ans sur les militants communistes qu’il faut corriger parce que le parti communiste n’y survivra pas.

 

Que les choses soient claires, ce blog ne prétends pas opérer un véritable travail d’historien mais plutôt de vulgarisation d’une histoire marxiste dont nous avons le plus grand besoin dans cet effort généralisé pour effacer toute référence révolutionnaire à l’Histoire. Il tente de faire retrouver à notre peuple “les cadres de la mémoire”, ceux de l’action transformatrice… Ce qui se fera avec ou sans le PCF… Si l’audience de ce blog gène, tant mieux, de toute manière nous avançons parce qu’ils ont de plus en plus de mal à ignorer la situation,ils ne peuvent que la dévoyer…

 

Cher Hervé j’observe que tu relaies systématiquement le propos de Mme Bleitrach qui sous couvert d’un label « histoire et Societe.com » reconstruit a sa mode le réel. Pour ma part je la range ou plutôt je la jette dans les mêmes auges que Forrisson et Cie. Ces gens là sont nuisibles ils cherchent à exister alors que l’Histoire la vraie a dénoncé les crimes de leurs séides Bientôt peut être nous verrons cette infatigable brasseuse de boniments pseudo historique venir nous expliquer que les procès de Moscou sont des inventions de la CIA comme d’autres l’ont fait avant elle ! Ce qu’elle apporte ce n’est pas des éléments de débat c’est de la propagande à mes yeux criminelle . Nier les crimes des dictatures c’est du négationnisme !


Et te voir rediffuser avec ardeur ce propos ce qui donne du crédit à cette falsificatrice m’attriste .

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23/08/2020
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